Le soleil se leva timidement et Odin était déjà dans son bureau. Il n’avait pas bien dormi et s’était levé très tôt. La pièce contenait un immense bureau en bois sombre où s’éparpillait quelques dossiers et feuilles. On y trouvait aussi une machine à écrire et des encriers. Le mur de droite était complètement couvert de bibliothèques contenant de gros volumes en cuir. Certains plus ou moins vieux mais ils semblaient tous avoir été beaucoup feuilleté. Trois fauteuils de cuir se trouvaient de l’autre côté près d’une table basse en verre en face d’une cheminée. Enfin, deux sièges de bois et de velours se dressaient devant le bureau. La pièce était en boiseries sombres et un large tapis recouvrait le sol. C’était une représentation épique des ancêtres des Pernington. Odin buvait du whisky alors que l’horloge affichait huit heures et demie. Il observait par l’immense fenêtre derrière son siège, Hariyuva. Son expression dure et froide sur le visage semblait avoir creusé un peu plus son visage. Le vieux Pernington se sentait vieillir, comme un spectateur extérieur. Et il n’aimait pas ça. La veille, sa femme lui avait confié qu’elle s’inquiétait pour leur dernier, Adriel. Celui qui avait failli révéler leur plan d’attentat. Cela aurait été une véritable catastrophe et ils auraient certainement tous été exécuté, sans laisser un seul Pernington derrière, juste au cas ou. Il le savait car c’était ce qu’il aurait fait s’il avait découvert une menace d’attentat dans ses alliés les plus proches. Les semaines au cachot l’avaient marqué mais c’était le but. Histoire qu’il ne considère plus aussi facilement de trahir tout le monde comme ça… Mais à présent sa femme se désolait que tous leurs enfants ne soient pas là et qu’ils se dispersent de plus en plus. Pour régner, encore fallait-il avoir des disciples devant soi et non pas à l’autre bout du monde… Et puis, l’image d’une famille soudée était toujours mieux au niveau politique. Odin ne pouvait pas contredire ce qu’elle disait.

Ainsi, ce matin-là il avait convoqué Ezechiel. Il était l’un des seuls à qui il faisait à peu près confiance. Pour cette raison, il comptait l’envoyer faire deux missions assez importantes pour lui. Ce n’était pas le genre de chose qu’il donnerait à n’importe qui. Certaines de ses enfants étaient juste trop faibles et réfléchissaient trop aux choses inutiles. Ezechiel avait pendant un temps concentré une grande partie de l’amertume de son père. Mais ces derniers temps il était rentré dans les rangs et le patriarche pensait que cela allait durer car avec des fils comme Adriel, tout seul, il ne saurait plus où donner de la tête et serait assez souvent dans des situations délicates. Heureusement que ses fils les plus âgés rattrapaient les autres de ce côté. Il songea un instant que les autres pères de grandes familles devaient avoir le même problème. Sauf que les Pernington n’Sauf que les Pernington n’étaient pas n’importe qui et ses enfants avaient du mal à comprendre que si la tête d’Odin terminait sur une pique, les leurs, de têtes suivraient certainement très vites. Car c’était comme cela que marchait. On ne coupait pas juste une branche. On coupait toutes les branches et on enlevait les fruits pourris ainsi que ses racines si on ne voulait plus jamais voir ce qui ressortait de cette lignée. Ils étaient tous dans cette bataille avec lui et se retourner contre les leurs ne leur servirait qu’à se faire tuer ou tuer le reste de leur famille. L’un dans l’autre, Odin était coincé avec eux, autant qu’ils étaient coincés avec lui.

On toqua à la porte. Il revint à la réalité et dit d’une voix claire « Entrez. » Il jeta un regard à son fils avant de s’installer derrière son bureau imposant et de poser son verre sur le bois. « Assieds-toi. ». Peu de gens aimaient se faire convoquer dans le bureau du vieux Pernington. Il était vrai qu’assez peu de bonnes choses se passaient entre ses murs. En tout cas, Odin ne convoquait pas les gens sous des prétextes triviaux. Aussi, Odin envoyait souvent ses fils ou des hommes de main pour s’occuper des affaires non-urgentes ou pas si importantes que ça. Voir Odin en vrai, c’était un privilège que peu de personnes en dehors de sa famille expérimentaient, même si certaines voudraient s’en passer. « Tu es occupé en ce moment ? » Odin savait que non… Ou en tout cas, rien de prioritaire ou de vital. C’était d’ailleurs une des autres raisons qu’il avait choisi Ezechiel.